Dans le contexte urbain contemporain, les périphéries des villes jouent un rôle pivot, mais restent paradoxalement les zones les plus mal comprises et les moins valorisées. Traditionnellement conçues comme des zones tampons, commerciales ou de transition, elles se transforment cependant rapidement sous l'impulsion de nouveaux besoins.
État des lieux des périphéries urbaines
Souvent oubliées ou négligées, les entrées de villes sont sujettes à de nombreuses problématiques d’aménagement.
Les périphéries, une zone d’échanges intense
Les périphéries urbaines servent de véritables carrefours pour les échanges et les flux circulatoires. Elles concentrent une grande partie de l'activité logistique et commerciale des villes.
Cependant, cette intensité de mouvement génère également des problèmes significatifs de congestion, exacerbés par une planification souvent insuffisante pour gérer de tels volumes de trafic. Ces zones deviennent le théâtre de conflits d’usage entre automobilistes, transporteurs et parfois même piétons, réduisant leur fonctionnalité et augmentant les risques d'accidents.
Un déficit d’identité et de cohérence urbaine
Les périphéries sont fréquemment critiquées pour leur manque d'identité et de cohérence urbaine. Elles présentent un mélange de bâtiments industriels, de centres commerciaux éparpillés, et parfois même de logements résidentiels, qui ne semblent suivre aucune logique architecturale ou urbanistique claire.
Cette absence de cohérence est souvent aggravée par une pollution visuelle omniprésente, avec des affichages publicitaires encombrants et des façades commerciales criardes qui contribuent à un environnement urbain peu attrayant.
L’image des villes, grandes ou petites, est donc entachée par ces zones peu attirantes, qui ne reflètent en rien le charme des centres-villes historiques français.
Critique de la qualité urbaine des entrées de ville
En périphérie, il n’y a pas que des espaces commerciaux, il y a aussi des habitations et leurs occupants sont les premières victimes de ces zones peu esthétiques et peu pratiques. Dominées par des configurations centrées sur l'accès automobile, ces espaces manquent d’intégration paysagère et d’infrastructures adaptées aux piétons et cyclistes, ce qui dégrade non seulement l'esthétique urbaine, mais aussi la sécurité et le bien-être des usagers. Cette situation met en évidence un besoin urgent de repenser et de réaménager ces zones.
Les initiatives de l’Etat pour redessiner les entrées de villes
Pour réhabiliter ces zones, l’Etat a décidé de mettre en place différentes initiatives pour inciter les collectivités locales à améliorer leurs entrées de villes. Toutes ont pour but de récompenser les grandes zones d’activités en périphérie des villes qui se transforment en espaces multi-usages qui favorisent la mixité sociale, économique et environnementale.
Concours National des Entrées de Villes
Créé par La Fédération Patrimoine-Environnement et Sites & Cités remarquables de France, en partenariat avec le Ministère de la Transition écologique, le Ministère de la Culture ainsi que l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), le Concours National des Entrées de Villes vise à récompenser les communes de plus de 2 000 habitants ayant réussi à réhabiliter leurs entrées de villes.
Le but de ce concours est de promouvoir des projets innovants qui intègrent des améliorations en termes de mobilité, d'accessibilité, et d'esthétique urbaine, tout en mettant l'accent sur la durabilité environnementale.
Parmi les critères du concours, on retrouve :
- L’amélioration de l'image et de la convivialité des espaces : Le concours récompense les villes ayant réussi à transformer les espaces urbains dégradés en lieux accueillants où les visiteurs peuvent se réapproprier leur environnement.
- La promotion des modes de déplacement doux : Un accent particulier est mis sur la valorisation de la marche, du vélo et d'autres modes de transport. Le concours encourage la création d'infrastructures adaptées qui facilitent ces modes de déplacement, rendant les entrées de ville plus accessibles et moins dépendantes de la voiture.
- La réglementation des enseignes et publicités : Pour réduire la pollution visuelle, le concours insiste sur une régulation stricte des enseignes et des publicités abusives. Cette mesure vise à préserver l'esthétique des paysages urbains et à garantir une harmonie visuelle entre l’entrée et le centre de la ville.
- La gestion et évolution des zones commerciales : pour le jury, il est essentiel de maîtriser le développement des zones commerciales pour éviter la prolifération de nouveaux bâtiments. Le concours encourage également l'évolutivité des fonctions, permettant aux bâtiments d'adapter leurs usages au fil du temps et de répondre aux besoins changeants.
- La valorisation des paysages : L'un des critères centraux est la transformation des zones commerciales en quartiers vivants et verdoyants. Le concours promeut l'intégration de végétation pour améliorer la qualité environnementale et esthétique.
Action Cœur de Ville
Prolongé jusqu’en 2026, le programme Action Cœur de Ville et son dispositif « Requalification des entrées de villes » est une initiative significative visant à revitaliser les périphéries.
Ce programme se concentre sur la réhabilitation de l'habitat, le développement économique et commercial, l'accessibilité et la mobilité, ainsi que sur l'amélioration des espaces publics. 45 villes comme Dieppe, Chambéry, Limoges ou encore Carcassonne, se sont portées volontaires pour bénéficier d’un soutien technique, financier et méthodologique pour revitaliser leurs entrées de villes.
Comment redéfinir les entrées de ville ?
Pour redynamiser les entrées de villes, et potentiellement remporter le Concours National des Entrées de Villes, les collectivités territoriales peuvent utiliser différents moyens.
Renforcer de l’identité visuelle et culturelle
Pour transformer les perceptions souvent négatives des entrées de ville, plusieurs communes ont entrepris de renforcer leur identité visuelle. Cela peut inclure l'installation d'œuvres d'art public, la mise en place de signalétiques distinctives, et l'adoption d'une architecture qui reflète les traits culturels locaux.
Améliorer la mobilité et l’accessibilité
Souvent dépourvues d’accès piéton et cycliste, les périphéries urbaines n’encouragent pas les visiteurs à laisser leur voiture. Pour pallier cela, des initiatives telles que la transformation de grands axes routiers en boulevards urbains avec des voies dédiées aux bus et des pistes cyclables sécurisées sont de plus en plus courantes. Puisque les entrées de villes sont souvent excentrées, cela permettrait de rendre les entrées de ville plus accessibles et agréables pour tous les usagers.
Intégrer de la végétation et des solutions basées sur la nature
De plus en plus présente en centre-ville, la végétation s’invite aussi en périphérie. En plus de purifier un air qui a tendance à être pollué et de réduire les îlots de chaleur urbains, les parcs, jardins et toitures végétalisées offrent des espaces de détente et de loisirs pour les habitants.
Des projets tels que le réaménagement de zones délaissées en parcs ou jardins communautaires ont transformé certaines entrées de villes en points de rencontre prisés, transformant des zones d'activités en véritable quartier de vie.
Proposer l’urbanisme participatif
L'engagement des citoyens dans la planification urbaine est essentiel pour le succès des projets de redéfinition des entrées de villes. Des approches participatives, incluant des ateliers de cocréation et des consultations publiques, permettent aux résidents d'exprimer leurs besoins et leurs visions pour l'avenir de leur quartier. Cette inclusion active assure que les projets d'aménagement répondent mieux aux attentes locales et sont plus susceptibles d'être acceptés et valorisés par les usagers.