Des permis de végétaliser distribués à Clermont-Ferrand, la végétalisation des voies de bus et de vélo à Lyon, l'ensemencement des zones ensablées à Besançon… Toutes ces actions partent du même constat : le verdissement urbain améliore la qualité de vie des habitants et participe à la dynamique de développement durable de la ville.
Qu’est-ce que la végétalisation ?
La végétalisation des terres se fait naturellement dans les environnements propices au développement des espèces végétales et de la faune indispensables à leur épanouissement. Dans les milieux urbains bétonnés, la végétalisation est davantage un processus volontaire d’affectation d’espaces verts dans l’espace public. Et la reconquête ne s’arrête pas aux sols. L’architecture contemporaine, soucieuse de livrer des constructions toujours plus « durables », intègre les végétaux aux toitures-terrasses et aux façades.
Ces démarches de verdissement ne se contentent pas de redessiner la ville, elles impulsent une dynamique vertueuse où l'introduction des végétaux attirent une faune diversifiée d’insectes et d’animaux qui participent au développement de la flore urbaine. Mais le verdissement n’est pas une fin en soi et concentre des attentes multiples, entre politique de développement durable et amélioration des conditions de vie. La végétalisation dans le domaine de l’urbanisme dépasse ainsi le simple agrément visuel pour devenir un outil puissant de maîtrise de la qualité de l’air, du confort des citadins et de la consommation énergétique des bâtiments.
Enjeux et lieux de végétalisation en zone urbaine et périurbaine
Les projets de végétalisation visent plusieurs types de site : les voies de circulation, avec les routes, les voies ferrées et les canaux, les anciens sites de dépôt et d’extraction, et bien entendu les zones urbaines et périurbaines.
Les villes concentrent toutes sortes de pollution, principalement issues de l'exploitation des bâtiments tertiaires et résidentiels et du trafic routier. L'étalement urbain et l’absence de végétaux contribuent à créer des îlots de chaleur qui renforcent les effets de la pollution atmosphérique et leurs conséquences sanitaires sur la population. La réintroduction des végétaux fait partie de l'attirail déployé au cœur des villes pour réduire la concentration en polluants et atténuer les pics de chaleur.
Cette réintroduction s’effectue sur de large surface, avec la création de parcs et jardins, mais aussi par touches successives, avec la mise en place de jardinières dans les espaces publics, les rues, les parkings extérieurs… Elle passe aussi en grande partie par les façades et toiture-terrasse des bâtiments avec des objectifs ambitieux de performance énergétique.
Les 4 grands objectifs de la végétalisation des bâtiments
Les vertus de la végétalisation des toits et des façades se font ressentir à l'intérieur du bâtiment, mais aussi à l’échelle du quartier et de la ville, selon les superficies en jeu.
Renforcer l’isolation thermique et phonique
La seule végétalisation des toits permet une maîtrise des variations de température de l’ordre de 40 %. Ce qui signifie que le bâtiment est mieux armé pour lutter contre la montée des températures intérieures en cas de pics de chaleur enregistrés à l’extérieur. Cette couche de végétaux améliore également l'isolation acoustique du bâti, préservant les occupants de l'agitation urbaine.
Réduire la consommation énergétique du bâtiment
En conséquence, le confort des occupants en été ne repose plus uniquement sur le fonctionnement de systèmes de climatisation énergivores. La végétalisation des toits et des façades en complément d’une enveloppe à l'isolation renforcée participe pleinement à la maîtrise des consommations, et donc des émissions de gaz à effet de serre du bâtiment.
Optimiser la gestion des eaux pluviales
Une toiture végétalisée agit à la manière d’une éponge. Grâce à la rétention, les eaux de pluie accumulées sont relarguées en différé, évitant ainsi la surcharge des réseaux en cas de forte intempérie. En l'espace d’une année, la surface végétalisée absorbe environ 50 % des eaux tombées sur le toit.
Lutter contre la formation des îlots de chaleur
En prévenant le réchauffement excessif des surfaces à l'échelle du bâtiment, la végétalisation généralisée des toits et des façades participe à la maîtrise des températures à l’échelle de la ville. De plus, le phénomène de l'évapotranspiration des végétaux favorise la circulation de la vapeur d'eau dans l’air, ce qui favorise son rafraîchissement.
Limites des politiques de végétalisation
Les plantes présentent de nombreux avantages, mais ne sauraient soigner toutes les pathologies de la ville moderne. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte pour la maîtrise du microclimat urbain : l’encaissement des rues, la densité urbaine, la nature des revêtements mis en œuvre et leur pouvoir réfléchissant… Concernant les effets sur la pollution atmosphérique, la capacité de piégeage des particules polluantes dépend du type de végétaux et est fortement corrélée à la superficie mise en œuvre. Leur contribution est intéressante, mais insuffisante au regard du niveau d’émissions polluantes en milieu urbain.
Par ailleurs, une végétalisation mal calibrée peut avoir des effets contre-productifs. Une plantation d’arbres inappropriée peut ainsi altérer la circulation de l’air dans une rue. Autre exemple, la végétalisation de la façade a l’avantage de limiter les infiltrations d’air à l'intérieur du bâtiment. Une bonne chose lorsque le celui-ci bénéficie d’un système de ventilation correctement dimensionné. En revanche sur un bâti ancien non rénové et mal ventilé, les défauts d'étanchéité sont aussi un moyen d’assurer le renouvellement de l’air intérieur. Tout est affaire de priorisation des actions en faveur de l’amélioration des conditions de vie et du développement durable de la ville.