L'éclairage artificiel se substitue à la lumière du jour afin que les usagers puissent continuer à évoluer sereinement dans l'espace public après la tombée de la nuit. Les décisions des collectivités en matière de répartition et de gestion de la lumière ont un impact sur la qualité de vie dans l’espace public et donc sur l'attractivité des territoires.
1 - Se libérer de l’intermittence
La lumière naturelle est une ressource gratuite et illimitée, tout du moins en journée. Jusqu’à la domestication du feu, la nuit présentait plusieurs dangers : la chute des températures, l'impossibilité de se repérer par une nuit sans lune, l'exposition aux prédateurs nocturnes… Les flammes des premiers campements ont réchauffé les corps et apaisé les esprits.
Des centaines de milliers d’années plus tard, la lumière artificielle remplit peu ou prou les mêmes fonctions. Dans l’espace urbain, l'éclairage public se substitue à la lumière naturelle et nous permet de continuer à profiter de tout ce que la ville peut offrir à toute heure du jour et de la nuit.
2 - Sécuriser l’espace public
L'éclairage urbain nous permet de nous orienter et de mieux repérer les éventuelles sources de danger. Celles-ci peuvent provenir de la topographie ou des installations : cours d’eau, travaux, escaliers… Ces obstacles, s'ils ne sont pas éclairés correctement, risquent de causer de nombreux accidents.
L'éclairage peut aussi avoir un effet dissuasif sur les personnes mal intentionnées. Il contribue alors à rassurer les usagers et à rendre l'espace public plus inclusif. Les endroits mal éclairés créent des zones d’incertitude redoutées par les personnes plus vulnérables. Leur inclusion passe ainsi par l'aménagement urbain et la mise en place de plans lumière pertinents.
3 - La cohésion sociale
Dès les premiers feux, la lumière nocturne s’est révélée être un objet fédérateur. Les humains se rassemblent naturellement sous la lumière chaleureuse des terrasses et des places publiques.
Au sentiment de sécurité précédemment évoqué, s’ajoute celui de la proximité. Les sources de lumière en ville sont autant de points de rapprochement entre individus. Elles favorisent les échanges et le lien social.
Les luminaires de l’espace public prennent différentes formes selon leurs lieux d'implantation : lampadaires, candélabres, éclairage des vitrines ou bornes lumineuses…
4 - La mise en scène de l’espace urbain
La lumière est aussi un élément de valorisation du patrimoine. Les collectivités investissent dans les spots réglables et les colonnes lumineuses pour l'illumination des façades, notamment dans les quartiers historiques. Ces dispositifs n’ont pas pour fonction première l’éclairage de la voie publique, mais la mise en lumière de détails architecturaux remarquables.
Certains événements sont l'occasion d’aborder la question de l’éclairage différemment. C’est ce que font les artistes sélectionnés pour animer les façades de Lyon pendant la Fête des Lumières. Cet événement de renommée internationale se sert du patrimoine bâti comme toile de fond sur laquelle sont projetées des animations qui modifient, le temps d’une soirée, notre perception de l'espace urbain.
5 - Les économies d'énergie
Éclairer a un coût. Les lumières d’habillage n’étant pas indispensables, elles font généralement l’objet de restrictions horaires. Pour l'éclairage des voies publiques, c’est un peu différent. Certaines collectivités prennent la décision de n'éclairer que les grands axes stratégiques après minuit ou une heure du matin.
La stratégie d'éclairage urbain doit pouvoir accompagner la vie nocturne. Il faut donc tenir compte des horaires d'ouverture des établissements et de leur répartition à travers la ville afin de définir un plan lumière qui puisse rendre l'espace accessible au plus grand nombre, sans entraîner de consommation inutile en énergie.
6 - Les capteurs de la smart-city
Les capteurs intégrés au mobilier urbain sont très utiles pour rationaliser l'usage de l'éclairage artificiel. Par exemple, la tour Eiffel est programmée pour s’allumer avec une phase de scintillement de 10 minutes dès la tombée de la nuit. La perte de luminosité naturelle est repérée par des capteurs qui permettent le déclenchement du cycle d'éclairage nocturne de la Dame de fer.
Les capteurs intelligents peuvent aussi ajuster l’intensité de l’éclairage artificiel selon les besoins en apport lumineux localement détecté. Ces besoins évoluent selon les saisons, mais aussi selon la météo ou encore en fonction des lieux et des préférences culturelles associés. Certains endroits sont préférablement plongés dans une lumière chaude et tamisée (le parvis d’un théâtre), d'autres sont habituellement éclairés d’une lumière blanche et directe (un parking).
Les capteurs permettent d’ajuster en temps réel la consommation. Dans la smart city , l'éclairage nocturne est optimal, sans gaspillage.
7 - L'identité urbaine de la ville
Tous ces éléments concourent à la création d'une identité urbaine forte. La mise en valeur du patrimoine, la création de cheminements nocturnes privilégiés (éclairage de certains axes), le choix d'équipement plus écoresponsable (lampadaires solaires ou éoliens, détecteurs et déclenchement automatique) ...
Toutes ces décisions sont des choix politiques. Cela suppose de savoir quels bâtiments et quels monuments mettre en valeur, quelles voies doivent être éclairées en priorité ou encore si l'extinction des feux est envisageable pour faire des économies d'énergie et sous quelles conditions.
8 - Un complément du mobilier urbain
Pour mieux encadrer son plan lumière, il est possible d’aborder la question de l'éclairage comme un complément du mobilier urbain . Un abri voyageur sur un arrêt de bus doit au moins être éclairé sur toute la durée du service. L'éclairage des façades d’une rue commerçante peut coïncider avec l'ouverture des magasins ou des cafés restaurants installés au rez-de-chaussée.
Les bornes lumineuses signalent toute la nuit la présence de certains éléments du mobilier urbain : les poubelles de ville, les cendriers, les bancs… Ces bornes peuvent aussi définir les limites des chemins de circulation, comme le font les bornes béton en journée.
Selon les chiffres communiqués par le syndicat de l'éclairage, la vaste majorité des Français se déclarent sensibles à la qualité de l'éclairage urbain. Par ailleurs, une politique rondement menée en la matière peut alléger le budget des collectivités avec une réduction de l’ordre de 50 %, voire 80 % des dépenses en éclairage. Ce sujet fait ainsi pleinement partie des thématiques d’avenir pour la création d'une ville durable et attractive.