Les bonnes pratiques d’accessibilité s’ancrent progressivement dans les projets d’aménagement du territoire. Le paysage urbain évolue, mais certaines zones restent encore difficiles d’accès, notamment les zones d’activités économiques excentrées. Comment mieux les intégrer au territoire et assurer leur transformation pour un parc tertiaire plus accessible et plus durable ?
Zones d’activités : renforcer l’accessibilité pour tous les usagers
Les zones d’activités économiques aménagées en périphérie urbaine sont de plus en plus connectées au réseau de transport en commun. Dans le neuf et en réhabilitation, la question est prise à bras-le-corps. Néanmoins, de nombreux sites, vieux de plusieurs dizaines d’années, restent encore relativement coupés des cœurs de ville et difficilement accessibles sans véhicule personnel.
Ce manque d’accessibilité affecte l’ensemble des usagers. Les trajets domicile-travail effectués en transport en commun sont plus économiques et moins accidentogènes. À l’échelle d’une ville ou d’une agglomération, la mobilité douce permet de décongestionner le trafic routier et donc de réduire les nuisances et la pollution.
À défaut de travaux d’adaptation, les entreprises implantées ne pourront plus répondre aux nouvelles attentes des salariés et des clients (qui font aussi vivre les zones d’activités commerciales). Le risque à terme serait d’enregistrer une perte d’attractivité, conduisant à l’abandon progressif de la zone et à l’apparition d’une friche urbaine en entrée de ville.
Cap sur l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap
Une zone d’activités adaptée à toutes les situations de handicap regroupe des bureaux, des commerces, et des locaux plus faciles à vivre pour tous. Ainsi pensés et équipés, les espaces pourront répondre aisément à l’évolution des besoins.
Si la zone est difficilement accessible, avoir un bureau privé à la pointe de l’accessibilité ne sera pas utile. La priorité est de permettre aux usagers de se rendre sur place avec une solution de déplacement adaptée à leur situation :
- En voiture avec l’accès à une place de stationnement PMR ;
- Par les transports en commun avec des quais/arrêts équipés pour la montée et la descente sécurisées de tous les usagers ;
- À pied, sous réserve d’avoir mené une réflexion sur les obstacles à la circulation.
L’accessibilité de la zone doit être pensée pour les différentes formes de handicap. Cela inclut les personnes souffrant d’un trouble de la vision, celles rencontrant des difficultés de cognition ou encore celles utilisant un équipement d’aide au déplacement.
La clé de la réflexion sur les obstacles à la circulation
Chaque terrain peut présenter des difficultés spécifiques. Il faut alors se détacher du cahier des charges habituel, et repenser des éléments qui paraissaient jusqu’alors anodins. Faisons le point sur les bonnes pratiques générales avant de donner quelques applications pratiques.
Généralités sur l’accessibilité des zones d’activités
Le cheminement jusqu’à la zone d’activités doit être compréhensible et sécurisé. Pour les piétons, cela passe par des voies séparées de celles empruntées par les véhicules. On y retrouve des bancs régulièrement implantés offrant à tous les usagers la possibilité de se reposer. Ces chemins seront aménagés entre le dernier arrêt desservi par les transports en commun et les différentes entrées de la zone d’activités.
L’accessibilité des lieux est aussi encadrée par des normes spécifiant les dimensions à respecter. Celles-ci s’appliquent aux voies de circulation, aux espaces de travail et à tous les espaces communs : vestiaire, sanitaire PMR à l’extérieur et à l’intérieur des locaux. Les rampes d’accès sont encore d’autres installations indispensables dans les établissements recevant du public.
Les détails qui font toute la différence
Se contenter de la norme n’est pas satisfaisant. Pour créer des espaces réellement inclusifs, l’idée doit toujours être confrontée au réel, au quotidien de tous les usagers.
Dans l’aménagement extérieur
Il faut se poser des questions qui ne sont pas toujours abordées sous le prisme de l’accessibilité, comme savoir quelle plante ou quel arbre planter au bord des chemins piétonniers. Les risques de glissade peuvent être accentués par le choix de la végétation et les conditions d’entretien d’un espace arboré. Les chutes de branches sont encore une autre source d’inaccessibilité pouvant bloquer le passage des usagers à mobilité réduite.
Dans les espaces intérieurs
Dans les espaces intérieurs, l’immersion est aussi la meilleure approche pour détecter les difficultés. Cela peut être des choses aussi simples que le déclenchement de la chasse d’eau. Le bouton-poussoir ou la chaîne à tirer ne sont pas adaptés à tous les profils. Un détecteur de mouvement peut faire toute la différence et être utilisé par tous les usagers du bâtiment. La hauteur des prises de courant est un autre détail de construction pouvant affecter la routine quotidienne des personnes en fauteuil roulant, ou ne pouvant pas se baisser.
Souvent, le bon sens permet aussi de conserver des solutions très simples. Par exemple, un rideau occultant présente une bien meilleure accessibilité qu’un volet roulant à manivelle. Il peut être tiré ou poussé à n’importe quelle hauteur. Cette solution suppose toutefois que l’usager puisse avoir une prise sur le tissu ce qui, dans bien des cas, n’est pas possible. Le retour d’expérience des premiers concernés doit être une priorité dès la conception.
Le meilleur moyen de s’assurer que le projet réponde effectivement aux difficultés rencontrées par les personnes à mobilité réduite ou souffrant d’un autre handicap (trouble de la vision, de la cognition) est de les consulter. Comment ? Cela peut se faire de différentes manières : visiter un prototype de bureau, suivre un chemin type depuis un lieu très fréquenté du centre-ville jusqu’à un local de la zone d’activités en question. Il existe aussi des modélisations de parcours permettant d’évaluer la pertinence d’un cheminement pour une personne en situation de handicap. L’important est d’intégrer ces questions aussi tôt que possible afin d’adapter le projet dans son ensemble pour livrer une zone d’activités accessible en tout point.